En 2007, Warren Buffett lançait un défi audacieux à l’industrie de la gestion d’actifs : un fonds indiciel S&P 500 (ETF) sur 10 ans ferait mieux que des fonds de hedge funds pourtant pilotés par des experts. Une décennie plus tard, le verdict est sans appel.
Un pari contre l’industrie financière
Connu pour son approche pragmatique de l’investissement et son aversion pour les frais de gestion élevés, Warren Buffett n’a jamais caché son scepticisme à l’égard des fonds activement gérés. En 2007, il décide de le prouver avec un pari public : sur une période de dix ans, un simple fonds indiciel (ETF) répliquant le S&P 500 offrirait de meilleurs rendements que des fonds de hedge funds, après prise en compte des frais.
Buffett propose des conditions claires :
- Un hedge fund doit sélectionner au moins cinq fonds de fonds pour le pari.
- La période d’évaluation est de 10 ans, de 2008 à 2017.
- Le gagnant remporte un million de dollars, placé initialement sous séquestre sous forme d’obligations, dont la valeur finale reviendra à une œuvre caritative choisie par le vainqueur.
Malgré la simplicité et l’enjeu financier, seule une entreprise accepte le défi : Protégé Partners, une société spécialisée dans la sélection de hedge funds.
Un duel asymétrique
Les forces en présence sont contrastées. D’un côté, un simple fonds indiciel Vanguard répliquant le S&P 500, avec des frais de gestion inférieurs à 0,1 %. De l’autre, cinq fonds de fonds, regroupant plusieurs hedge funds pratiquant des stratégies sophistiquées, avec des frais multiples à différents niveaux.
L’approche de Protégé Partners repose sur la conviction que des gestionnaires talentueux, capables de naviguer à travers les crises, offriront un rendement supérieur, tout en limitant les baisses en période difficile. Buffett, lui, défend la simplicité : un investisseur moyen, en plaçant régulièrement dans un fonds indiciel, obtiendra sur le long terme une performance robuste, sans avoir à supporter des frais excessifs ni à deviner les tendances du marché.
La crise financière en arbitre
Dès la première année, la crise de 2008 semble donner raison aux hedge funds : le S&P 500 plonge de 37 %, tandis que les fonds choisis par Protégé Partners limitent la casse. Mais sur la décennie suivante, l’indice boursier rebondit fortement, porté par l’expansion économique et les politiques monétaires accommodantes.
Au final, en 2017, le verdict est sans appel :
- Le fonds indiciel Vanguard S&P 500 a enregistré une performance cumulée de +125,8 %.
- Les fonds de Protégé Partners affichent une progression moyenne de +36,3 %, largement distancée.
Une leçon pour les investisseurs
Buffett remporte donc son pari haut la main et offre les gains à l’association Girls Inc. of Omaha. Mais au-delà du triomphe anecdotique, cette expérience illustre une tendance structurelle : l’essor de l’investissement passif et la remise en question des frais élevés de la gestion active.
En 2017, Warren Buffett résume ainsi la leçon : « La majorité des investisseurs seraient bien mieux lotis en achetant simplement un fonds indiciel à faible coût et en le conservant à long terme. »
Un message qui a trouvé un large écho : ces dernières années, la gestion passive a attiré des flux massifs, au détriment des hedge funds et de la gestion active traditionnelle. Et si Buffett ne fait pas souvent de paris, celui-ci restera dans l’histoire comme une démonstration éclatante de la puissance de l’indexation.